2022
Blano's interview in Womankind magazine "Reinvention" issue #031
2021
2020
2018
Tout feu tout femme
Azurs et incandescences de Lilas Blano
Cette fois, après l’hiver en 2013 et l’automne en 2016, c’est le printemps que choisit Lilas Blano pour venir nous présenter ses peintures à l’huile aux cimaises de la Galerie Schortgen (1). Il est vrai que je vous avais déjà parlé de cette exubérante dessinatrice et coloriste à l’incroyable richesse de poses féminines en 2007; mais c’était dans le cadre d’une exposition collective, où je ne pus encore l’apprécier ni vous la faire apprécier à sa juste valeur. Ces brefs regards arrière ont ceci d’intéressant, qu’en d épit d’une affirmation déjà très marquée du style Lilas Blano que je découvris il y a onze ans, ils font apparaître au fil de ses venues à Luxembourg une ouverture de plus en plus marquée à la vie et à la joie. Déjà forte en 2016, où son expo intitulée «L’instant même» me la fit comparer aux joyeusetés du fameux concert de Moussorgski, «Tableaux d’une exposition», cette ouverture à la joie s’épanouit aujourd’hui encore davantage. Le printemps y est réellement à l’honneur et cela non seulement dans la richesse et l’exubérance des poses, des toilettes et des couleurs, mais aussi dans les expressions des visages féminins, dont ont largement disparu froideur et scepticisme, pour s’épanouir en un véritable hymne à la joie.
Mais attention, amis lecteurs, plutôt que de rappeler la grandiose solennité de l’«Hymne à la joie» de Beethoven, «Tout feu tout femme» en évoque la flamboyante incandescence. L’éventail de créations qui vous est présenté aujourd’hui est littéralement – Il faudrait dire picturalement – tout feu tout flamme et folâtre délicieusement en rayonnant la joie de vivre, l’exubérance, la pétulance, le charme, la tendresse... Nous retrouvons en fait dans les tableaux féminins de Lilas Blano ses propres reflets, ses soeurs, ses cousines, ses amies du coeur, sûres d’elles et de leur rôle, ici pensives et réfléchies, là pétillantes et brillantes, affichant une belle assurance et affirmant fièrement leur féminité délicieusement surannée. Elles ont vraiment l’air de pouvoir avoir été peintes n’importe quand depuis le milieu du XIXème siècle. Les scènes, que ses multiples alter-ego composent sous le fin charbon et les pinceaux de notre artiste, caressent notre sens esthétique comme autant d’instantanées joyeuses se moquant du temps, ou de représentations de mode se gaussant de la mode.
Voilà qui n’est guère précis comme description, me direz-vous. Ah oui? C’est vite dit. Je voudrais vous y voir. Ne me demandai-je pas déjà dans mon précédent article, comment oser plus que des approximations, si l’on veut inscrire les attitudes enjouées, voire fofolles, tout comme les chatoyants et gais costumes des héroïnes de l’expo, dans une époque quelconque entre le 2ème Empire et les Trente glorieuses? De plus – et là encore je vais être amené à me répéter, – l’humour reste largement présent, la douceur continuant à gagner du terrain sur l’angulosité de 2013. Jadis plutôt cousine de la peinture moqueuse, voire satirique, des Toulouse-Lautrec, Giovanni Maranghi ou Marlis Albrecht, elle se rapproche davantage encore, mais en plus mobile, gracieux et gaiement obombré d’orient, de l’amabilité facétieuse et taquine d’un Roland Schauls. Mais toute comparaison boîte. Ce dernier préfère évoluer dans l’expressionnisme statique d’un Joseph Kutter dont la force des personnages reste potentielle et comme refreinée, lorsque, après avoir été un moment contenue, l’énergie des héroïnes de Lilas Blano tend à exploser aux yeux du spectateur. Lilas Blano dépasse vite le repos, pour dynamiser les expressions et la gestuelle de ses personnages par le mouvement, en leur insufflant une vigueur festive non dépourvue ci et là d’une authentique pugnacité.
Cette énergie, elle en réalise avant tout l’expression par le dessin, ce qui lui fait dire: «Le dessin est essentiel dans ma vie, il s’impose à moi et je ne peux l’ignorer...». Plus personnel encore et moins proche de Toulouse-Lautrec, donc plus moderne et moins parodique que jadis le sien, le graphisme de Lilas Blano n’en marque pas moins la puissante dynamique de son style. Celui-ci se voit en outre tout à la fois rehaussé et adouci par une riche peinture à l’huile, où diverses nuances de turquoise et de verts, notamment chartreuse, mousse et canard, font contrappunto à une large gamme de saumon, orange, rose, rouges brique, sang de boeuf et rouille. La combinaison peut parfois sembler risquée, mais se révèle aussi réussie que ces accords harmoniques dissonants recherchés dans la musique des Haydn ou Mozart. Sa palette est, bien entendu, bien plus vaste et rehausse fortement ses sujets devant des plans moyens, ou arrière-plans (fonds) très variés, qui valorisent toujours avec un parfait à-propos les sujets dépeints.
Moins incisive que son trait, sa palette privilégie le pastel. Voilà qui ajoute aussi bien densité que douceur au dessin très typé, ce qu’elle illustre à merveille par des tableaux comme «Cercleuses», «Hula Hoop», ou «Glamour sur mesure» et tant d’autres, imaginés, entrevus et réalisés suite à ses introspections créatives. «Grâce à ma baguette de bois brûlé, je les entrevois» explique-t-elle. «Puis avec des pigments et de l’huile, je les fixe». Oui, car pour Lilas Blano, c’est dans et par l’introspection qu’est conçue l’oeuvre d’art. «La solitude a toujours été un processus de création pour moi. C’est la cour de récréation pour les nombreux personnages qui évoluent en moi. Je les peints quand ils me le permettent et avant qu’ils ne retournent à leurs occupations... ». Et c’est peut-être dans son merveilleux tableau «Kit de couronne» qu’elle exprime le mieux cette multiplicité. Son Moi assis, songeur, introverti, s’interrogeant, se transcende et se transforme progressivement en son Moi créatif, qui l’embrasse et l’élève au-dessus de ses potentiels bleutés plus sombres vers ces clartés rose-orangées quasi-solaires dont le Zoroastre perse n’est pas fort loin.
Oui, car l’orient est omniprésent dans l’oeuvre cette Française d’origine circassienne qui est née en Syrie en 1965 et a étudié aux Beaux-arts de Reims. Encore étudiante, elle remporte le premier prix pour la bouteille de Champagne de collection BSN. (2) Diplômée, elle se consacre à la publicité et réalise logos et affiches. En 1991, elle rejoint à Londres les studios d’animation Amblimation de Steven Spielberg sur le film Les 4 dinosaures et le cirque magique. À partir de 1993 l’artiste dévoile pleinement son talent de peintre. Trois années durant, elle se consacre à la découverte des secrets de la peinture à l’huile et réalise grand nombre d’oeuvres. Puis, durant sa période montpelliéraine, elle peint la vie extérieure de la cité, les allées et venues du quidam. Après un dernier détour par les studios d’animation londoniens Warner Bros pour les films Space Jam en 1996 et Excalibur, l’épée magique en 1997, ainsi qu’en 2000 au Luxembourg pour Tristan et Iseult, elle se consacre pleinement à la peinture. Les expositions se suivent dès lors dans toute la France, aux USA et au petit Grand-duché, où Jean-Paul Schortgen expose ses oeuvres notamment en 2007, 2013 et 2016 à Luxembourg ville, rue Beaumont et en 2011 au Parc merveilleux de Bettembourg. Mais aujourd’hui, pour vous, c’est aujourd’hui qui compte et aujourd’hui c’est rue Beaumont jusqu’au 16 mai.
Giulio-Enrico Pisani
***
1) Galerie Schortgen, 24, rue Beaumont, Luxembourg centre. Exposition Lilas
Blano mardi à samedi de 10,30 à 12,30 et de 13,30 à 18 h. jusqu’au 16 mai.
2) Acronyme de Boussois-Souchon-Neuvesel, groupe verrier puis agro-alimentaire.
Glamour sur mesure
Freitag 27. April 2018
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2016
L’instant même des tableaux d’une exposition
Si les pinceaux de Lilas Blano se sont épanouis tout aussi magiquement en 2016 qu’en janvier 2013, lors de sa dernière exposition à la Galerie Schortgen (1), c’est une toute autre ambiance qui nous y attend aujourd’hui. Mais si les atours dont elle pare les jeunes femmes qu’elle représente allient toujours à leur pittoresque chatoiement un souffle quelque peu désuet, je ne peux plus en appeler comme jadis aux périodes du french-cancan, des années folles ou des Trente glorieuses. Non, cette fois, c’est conjointement dans l’instant même et dans l’intemporalité que s’épanouit l’aimable gent féminine qui nous reçoit aux cimaises du 24, rue Beaumont. Je dis aimable, car si l’humour est toujours au rendez-vous, l’artiste a délaissé le mordant et la satire en faveur de la tendresse et d’un certain détachement. Après tout, semble-t-elle vouloir nous dire à travers les tableaux de cette exposition, l’air d’autres temps des femmes qu’elle dépeint n’affiche plus l’ironie, mais, riche d’un féminisme qui n’avait pas encore renoncé à sa féminité, plutôt l’admiration.
Trop âgé – en fait décédé en 1881 – pour créer une seconde version de ses « Tableaux d’une exposition », Modeste Moussorgski ne pourra hélas plus mettre en musique « L’Instant même », dont certaines des « actrices » pourraient être ses contemporaines, ou celles de George Sand, ou d’Isadora Duncan. Mais que dis-je ? Tout comme la fois passée, sûres d’elles, exubérantes, ou méditatives, toujours pétillantes de vie, elles affichent une extraordinaire assurance et affirment fièrement leur féminité délicieusement surannée. L’air de pouvoir être peintes n’importe quand depuis la mi-XIXème siècle, les scènes qu’elles composent sous les pinceaux de notre artiste sont effectivement autant d’instantanées qui se moquent du temps. Comment oser, en effet, plus que des approximations, si l’on veut inscrire les gais et chatoyants costumes des héroïnes de l’expo dans une époque quelconque entre le 2ème Empire et les Trente glorieuses ?
Ainsi que je l’ai déjà écrit précédemment, le style de dessin et de peinture de Lilas Blano peut certes être qualifié de « rétro » dans un sens très large du terme, c’est à dire « puisant dans la culture du passé ». Mais sans remonter cette fois jusqu’aux Trois Glorieuses (2), l’artiste flirte plutôt avec le 2ème Empire, la Belle Époque et les Années Folles (3), quitte à s’inspirer, pour le pittoresque de ses costumes, de l’Europe orientale et même du Proche Orient. Et les hommes là-dedans ? Oubliez-les une fois de plus, tout comme dans la précédente expo baptisée « Effleure de femme ». Plus fréquents, quoique minoritaires, il y a quelques années, les hommes sont absents de son iconographie. D’autre part, la manière dont l’artiste voit et représente ses consoeurs a encore évolué...
Aujourd’hui, dans cette quatrième exposition à la galerie Schortgen, elle met à jour une douceur accrue dans les attitudes et expressions de cette gent féminine dont elle peignait naguère avec humour et pas mal d’ironie l’esprit rebelle. Certes, l’humour reste largement présent. Des tableaux comme « Des capes et des pieds », représentant deux jeunes femmes avec un petit air mousquetaire et faisant allusion aux romans « de cape et d’épée » des Dumas, Zévaco ou autres Féval en témoignent. Cependant, ainsi que je le constatai déjà précédemment, la douceur gagne du terrain sur une certaine angulosité. Jadis plutôt cousine de la peinture moqueuse, voire satirique, des Toulouse-Lautrec, Giovanni Maranghi ou Marlis Albrecht, elle se rapproche aujourd’hui plutôt de l’amabilité facétieuse et taquine d’un Roland Schauls. Mais toute comparaison boîte. Schauls préfère évoluer dans le statisme expressionniste d’un Joseph Kutter dont la force des personnages reste potentielle et comme refreinée, lorsque l’énergie des héroïnes de Lilas Blano tend à exploser aux yeux du spectateur. Lilas Blano dépasse et dynamise les expressions et la gestuelle de ses personnages par le mouvement et dépeint souvent une pugnacité latente.
Cette force, elle l’obtient avant tout par le dessin, ce qui lui fait aussi dire : « Le dessin est essentiel dans ma vie, il s’impose à moi et je ne peux l’ignorer ». Plus personnel encore et moins proche de Toulouse-Lautrec, donc plus moderne et moins parodique que jadis, son graphisme n’en marque pas moins la forte dynamique de son style. Celui-ci se voit ainsi rehaussé et adouci par une riche peinture à l’huile où diverses nuances de vert chartreuse, vert mousse et vert canard font contrappunto à une large gamme de rouges brique, sang de boeuf et rouille. La combinaison semble risquée, mais est étonnamment réussie. Sa palette est, bien entendu, plus vaste que ça et valorise ses sujets devant des plans moyens ou arrière-plans (fonds) souvent rose chair clair, pêche clair ou coquille d’oeuf, mais aussi bleu acier très clair ou turquoise pâle. Moins incisive que son trait, sa palette privilégie le pastel et apporte densité et douceur au graphisme marqué. Un très bel exemple est constitué par « La Véronique sur chaise bleu canard » qui s’épanouit en une richesse chromatique aussi pittoresque qu’harmonieuse. Nous découvrons également dans ce tableau, tout comme dans « Les cousines germaines » et quelques autres, des yeux au regard d’une profondeur et d’une intensité que l’on aimerait voir plus souvent sur ses visages.
Française d’origine circassienne, Lilas Blano est née à Damas en 1965 et a étudié aux Beaux-arts de Reims. Encore étudiante, elle remporte le premier prix pour la bouteille de Champagne de collection BSN. (4) Diplômée, elle se consacre à la publicité et réalise logos et affiches. En 1991, elle rejoint à Londres les studios d’animation Amblimation de Steven Spielberg sur le film Les 4 dinosaures et le cirque magique. À partir de 1993 l’artiste dévoile pleinement son talent de peintre. Trois années durant, elle se consacre à la découverte des secrets de la peinture à l’huile et réalise grand nombre d’oeuvres. Puis, durant sa période montpelliéraine, elle peint la vie extérieure de la cité, les allées et venues du quidam. Après un dernier détour par les studios d’animation londoniens Warner Bros pour les films Space Jam en 1996 et Excalibur, l’épée magique en 1997, ainsi qu’en 2000 au Luxembourg pour Tristan et Iseult, elle se consacre pleinement à la peinture. Les expositions se suivent dès lors dans toute la France, aux USA et au Luxembourg, où Jean-Paul Schortgen expose ses oeuvres notamment en 2007 et 2013 rue Beaumont et en 2011 au Parc merveilleux de Bettembourg.
Lilas Blano va à l’essentiel et essaie de représenter l’éternel féminin dans son entièreté, tant intérieure qu’extérieure, du moins pour autant qu’elle parvient à l’appréhender. Elle dessine et peint ses personnages sans concessions, mais avec une sorte de connivence, où l’humour n’empêche pas l’amour, ni la lucidité la passion. Mais quelles sont les étapes de leur naissance ? Sa réponse, lapidaire : « Grâce à ma baguette de bois brûlé, je les entrevois. Puis avec des pigments et de l’huile, je les fixe ». Tout à la fois magique et sibyllin !
Giulio-Enrico Pisani
*** 1) Galerie Schortgen, 24, rue Beaumont, Luxembourg centre. Exposition Lilas Blano, de mardi à samedi de 10h30 à 12h30 et de 13h30 à 18h jusqu’au 5 novembre.
2) 27, 28 et 29 juillet 1830
3) Années 1920. Aussi « Golden Twenties », « Happy Twenties », « Goldene Zwanziger »…
4) Acronyme de Boussois-Souchon-Neuvesel, groupe verrier puis agro-alimentaire.
jeudi 20 octobre 2016
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2015
Lilas Blano expose à la galerie Schortgen Des demoiselles espiègles Une ode à une pétillante féminité
PAR NATHALIE BECKER
En ces jours sombres où l'actualité est d'une morosité larmoyante, il est bon de ravir notre regard et d'égayer notre cœur avec de jolies images sans autre prétention que celle de séduire. Pour cela, il est possible de se rendre à la galerie Schortgen afin de découvrir ou redécouvrir les œuvres figuratives délicieusement désuètes de Lilas Blano.
Cette artiste née en Syrie en 1965 estdiplôméeen1989del’école des Beaux Arts de Reims. Elle va commencer sa carrière d'artiste professionnelle dans l’animation en collaborant avec plusieurs grands studios d’animation dont Amblimation de Steven Spielberg et Warner Bros. En 2000, elle travaille sur le film «Tristan et Iseult». Par la suite, Lilas Blano se consacre à la peinture à l’huile sur bois et sur toile. Dès le début des années 2000, elle dévoile son art au public au Luxembourg et en France. La galerie Schortgen lui offre ses cimaises une première fois en 2011. Ainsi, elle nous revient actuellement avec une série de pièces rassemblées sous l'intitulé «Caprices et fleurilèges».Il est vrai que les femmes qu'aime à immortaliser Lilas Blano sont assez excentriques, autant par leurs drôles de gambettes démesurément graciles que par leur outrance vestimentaire. Indubitablement un esprit «rétro» nimbe l'atmosphère de boudoir des toiles. Tantôt nous avons l'impression de toucher du doigt l'univers canaille de Lautrec, tantôt celui de la grande Colette en passant par les années folles. Les Demoiselles de Blano ont le charme mystérieux de Sarah Bernhardt. Elles sont d'une sveltesse filigrane, auréolée d'une chevelure de feu et portent ostensiblement des tenues extravagamment élégantes.
Nous vient à l'esprit le souvenir des parisiennes au temps des Merveilleuses, fugace mode du Directoire. Quoiqu'il en soit, ce travail est une ode à la féminité audacieuse, gouailleuse, exubérante. Une féminité libérée et décomplexée représentée assise, alanguie, debout ou même à cheval. Dans cette œuvre, nous voyons aussi bien une princesse Tang qu'une Epona. Libérée et décomplexée Ainsi, c'est l'universel féminin qui inspire Lilas Blano, elle qui puise son inspiration et ses héroïnes dans l'observation des passants, dans les allers et venues des quidam dans les rues. Elle croque littéralement et aime à dire: «Le dessin est essentiel dans ma vie, il s’impose à moi et je ne peux l’ignorer.» Ainsi, sa production se pare de force, de vitalité et surtout de grâce. Les expressions sont charmantes, nous interpellent du regard ou par un sourire de connivence, les poses sont choisies, dynamiques, les femmes sont souvent dans l’élan de la danse et il y a surtout ce petit allant rebelle qui nous ravit. Quant à la gamme chromatique, elle est délicate et riche. Des rouges suaves, des orangés flamboyants, des verts tendres, des bleus profonds. Lilas Blano rehausse également les tenues de ses personnages d'un graphisme étudié: fleurs, bayadères, pois, ocelles de paon et autres rayures sont légion. Les autres éléments particulièrement rafraîchissants de cette production sont l'humour et la caricature qui affleurent de chaque touche. En somme, cet art est empli d'une théâtralité un tantinet vaudevillesque qui nous enchante.
Jusqu'au 31 janvier à la Galerie Schortgen, 24, rue Beaumont, Luxembourg. Du mardi au samedi de 10.30 à12.30 et de 13.30 à18heures. La gamme chromatique de Lilas Blano est délicate et riche.
2013
Les pinceaux magiques de Lilas Blano ou cancan, années folles et trente glorieuses
Par Giulio-Enrico Pisani
En fait, plutôt que de cancan, il faudrait parler de chahut (1), cette danse provocante d’il y a près de deux cents ans, car, assises, debout, ou même à cheval, les femmes de Lilas Blano ont souvent l’air de danser et ce, de façon merveilleusement libératoire. Sûres d’elles, exubérantes, ou méditatives, toujours pétillantes de vie, elles affichent une extraordinaire assurance et affirment fièrement leur féminité délicieusement désuète. L’air de pouvoir être nées n’importe quand au cours des deux derniers siècles, c’est elles qui m’ont inspiré l’anachronisme de l’intitulé de cet article. Il répond dans ma perception à ce style de dessin et de peinture de l’artiste que l’on pourrait qualifier de « rétro » dans un sens très large du terme, c’est à dire « puisant dans la culture du passé ». Il me semble en effet découvrir sur ses toiles comme une continuité harmonieuse entre la pétulance des femmes du peuple autour de 1830, puis, cent ans plus tard leur esprit années folles et enfin leur grand bond libérateur des années 1960, chevelures ébouriffées à la Régine Deforges (2) incluses. Mais je reconnais volontiers qu’il ne s’agit peut-être que d’une impression faussement objective basée sur le déjà connu. Et pourquoi ne pas envisager l’inconnu ? Pourquoi les femmes de Lilas Blano ne seraient-elles pas simplement celles de demain ?
Et les hommes là-dedans ? Oubliez-les, du moins cette fois-ci ! Cette exposition s’appelle en effet « Effleure de femme » (3). Plus fréquents, quoique minoritaires, il y a quelques années, les hommes semblent avoir largement déserté son iconographie, ou être devenus, disons, accessoires. D’autre part, la manière dont Lilas Blano voit et représente ses consoeurs me semble avoir nettement évolué. Ce n’est toutefois pas le cas dans tous les tableaux exposés, et d’aucuns paraissent avoir été peints par l’artiste comme en 2007, lorsque je présentai la première fois ses travaux. Aujourd’hui, à l’occasion de sa troisième exposition à la galerie Schortgen (4), il faut bien lui reconnaître d’avantage de douceur et d’indulgence pour cette gent féminine dont elle peignait naguère avec humour et une certaine ironie l’esprit rebelle.
Jadis plutôt cousine es peinture moqueuse, voire satirique, des Toulouse-Lautrec ou Giovanni Maranghi, d’une Marlis Albrecht et même d’un Vadim Korniloff avec son tragique féminin, elle se rapproche aujourd’hui plutôt de l’amabilité tout à la fois lucide, facétieuse et taquine d’un Roland Schauls. Mais toute comparaison boîte. Schauls n’a, en effet, pas (encore ?) dépassé le statisme expressionniste d’un Joseph Kutter et ses personnages dont la force intérieure reste potentielle et comme refreinée, lorsque l’énergie des héroïnes de Lilas Blano devient cinétique et explose littéralement aux yeux des
spectateurs. Lilas Blano dépasse et dynamise leurs expressions et leur gestuelle par le mouvement et dépeint souvent au-delà de leurs intentions et tensions, une pugnacité qui ne se contente pas d’être latente.
Cette force, Lilas Blano l’obtient avant tout par son dessin, ce qui lui fait d’ailleurs dire : « Le dessin est essentiel dans ma vie, il s’impose à moi et je ne peux l’ignorer ». Plus personnel encore et moins proche de Toulouse-Lautrec, donc plus moderne et moins caricatural qu’il y a quelques années, son graphisme n’en marque pas moins la formidable dynamique de son style. Celui-ci se voit ainsi rehaussé et adouci par une riche peinture à l’huile où dominent diverses nuances de vert chartreuse et de vert mousse faisant contrappunto à une large gamme de rouges brique, sang de boeuf et rouille. La combinaison est certes risquée, mais étonnamment réussie. Sa palette est, bien entendu, plus vaste que ça, et valorise ses sujets devant des plans moyens ou arrière-plans (fond) souvent rose chair clair, pêche clair ou coquille d’oeuf, mais aussi bleu acier très clair ou, plus souvent encore, turquoise. Autre particularité : en dépit de certains roux flamboyants ici et là, le chromatisme de ses toiles ne comporte nulle agressivité, aucune dissonance. Moins incisive que son trait, dont elle semble vouloir atténuer le mordant, sa palette reste largement dans le domaine du pastel et apporte tant douceur que densité aussi bien au graphisme très marqué qu’à l’esthétiquement souvent dangereuse acidité des verts chartreuse.
Française d’origine Tcherkesse, Lilas Blano est née à Damas en 1965 et a fait ses études aux Beaux-arts de Reims. Encore étudiante, elle remporte le premier prix pour la bouteille de Champagne de collection BSN. (5) Sitôt diplômée, elle se consacre à la publicité, où elle réalise de nombreux logos et affiches. En 1991, elle part à Londres, où elle rejoint les studios d’animation Amblimation de Steven Spielberg sur le film Les 4 dinosaures et le cirque magique. Mais c’est à partir de 1993 que l’artiste dévoile pleinement son talent de peintre. Durant 3 années consécutives, elle se consacre à la découverte des secrets de la peinture à l’huile et réalise près de 40 oeuvres marquées d’un style unique. Durant son époque Montpellier, elle peint la vie extérieure de la cité, les allées et venues du quidam : celui qui, comme tout le monde, n’est pas comme les autres. Après un dernier détour par les studios d’animation londoniens Warner Bros pour les films Space Jam en 1996 et Excalibur, l’épée magique en 1997, ainsi qu’en 2000 au Luxembourg pour Tristan et Iseult, elle décide, toujours en 2000 de se consacrer pleinement à son art. Les expositions se suivent dès lors dans toute la France, mais aussi aux USA (Atlanta) et au Luxembourg, où Jean-Paul Schortgen expose ses oeuvres en 2007 rue Beaumont et en 2011 au Parc merveilleux de Bettembourg.
Lilas Blano fait partie de ces artistes inspirés par l’être l’humain tel qu’il est réellement et non tel qu’il essaie de paraître. Elle va à l’essentiel et essaie de le représenter dans son entièreté, tant intérieure qu’extérieure, du moins dans la mesure où elle parvient à l’appréhender. Elle dessine et peint ses personnages sans concessions, mais avec une sorte de connivence, où l’attraction n’empêche pas la caricature, ni l’amour l’humour, ni la passion la lucidité, ni l’admiration la satire. Mais quelles sont les étapes de leur naissance ? Et elle de nous répondre : « Grâce à ma baguette de bois brûlé, je les entrevois. Puis avec des pigments et de l’huile, je les fixe ! » Fascinant !
Giulio-Enrico Pisani
*** 1) Né vers 1830, le chahut, dont dérive le chahut-cancan, le cancan et le frenchcancan (plus édulcoré), était une danse fofolle, proche du branle, dont la gestuelle hardie jusqu’à l’indécence mettait en joie le public populaire. De là dérive aujourd’hui le mot chahut. C’était une forme de protestation provocante contre la raideur pudique et compassée de la nouvelle bourgeoisie. Il faudra attendre le vingtième siècle et ses années « folles » puis soixante/soixante-dix pour approcher une expression aussi joyeuse et provocatrice de l’émancipation féminine.
2) Ou à la « Judit mit dem Haupt Holofernes » de Klimt (1901) ; c’est dire l’éventail temporel !
3) Solécisme passablement barbare, dont on retiendra simplement le verbe « effleurer » et le nom « femme » plutôt que leur alignement.
4) Galerie Schortgen, 24, rue Beaumont, Luxembourg centre (parallèle Grand rue, près du centre Alima). Exposition Lilas Blano mardi à samedi de 10,30 à 12,30 et de 13,30 à 18 h. jusqu’au 7 février.
5) Acronyme de Boussois-Souchon-Neuvesel, groupe verrier puis agro-alimentaire.
vendredi 18 janvier 2013
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Galerie Schortgen Luxembourg Gracile gynécée «Effleure de Femme», ou les créatures de Lilas Blano
PAR GASTON CARRÉ
Toulouse-Lautrec nous salue, pourrait-on croire à la découverte d'«Effleure de femme», toiles de Lilas Blano ces jours-ci à la galerie Schortgen Luxembourg. Le Moulin Rouge, le Chat noir et le Mirliton d'Aristide Bruant sans doute se rappellent ici à notre souvenir, mais dans le filigrane des harmoniques historiques plus que par l'esprit et la réalité des œuvres, à travers lesquelles Lilas Blano livre un univers aussi singulier qu'attachant. Attachant est le gynécée des créatures que l'artiste nous donne à voir, qui à mesure que nous les avisons nous jaugent elles-mêmes de leurs regards doucement goguenards. Des créatures en mouvement, tout en gouaille, délurées et guillerettes («Mes amis du show-business»). Des créatures aux jambes filigranes, à la façon d'un Giacometti qui se serait délesté du pathos pour ne retenir que la grâce («Les Rideaux»). Des créatures en attente, posées comme pour l'éternité sur un canapé, hiératiques dames de passe («En attendant Amandine» – les intitulés, chez Lilas Blano, sont l'exacte translation rhétorique de l'esprit qui anime sa création artistique). Des jeunes femmes qui posent, espiègles, qui tout à la fois s'offrent et se dérobent («Alicia en amazone au salon»). Des femmes jolies – nous disons bien «jolies» plutôt que belles –, gracieuses et graciles, burlesques parfois, comme celle-ci assise de guingois sur son baudet («L'habitue perpétuelle de Grenadine»). Des créatures arlequinesques («Tissus de joie»). Altières et moqueuses, avec leurs jambes d'échassières («Qui se ressemble s'assemble»), joyeuses («Grâce interrompu») ou pamées («Floraison sur méridienne»). Fofolles et sensuelles Il y a, dans ces huiles de Lilas Blano, un charme qui semble se jouer de l'érotisme. Celui-ci semble évacué par la bonhomie de nos tendres drôlesses, mais bien vite reparaît au travers d'une féminité qui s'avère d'autant plus émoustillante qu'elle se pare des attributs de la gouaille.
Elles sont un peu fofolles en somme, les créatures de Blano, mais elles sont follement sensuelles. Diplômée de l’école des Beaux Arts de Reims, Lilas Blano s’essaie d’abord à la publicité, puis à l’animation dans les studios de Steven Spielberg et Warner Bros à Londres, mais c’est vers le dessin et à la peinture qu’elle décide de se tourner. D’abord, à Montpellier, elle s’inspire de la vie extérieure, des allers et venues des anonymes, saisis d'un pinceau nerveux, caractérisés par des couleurs chaudes, des formes généreuses, marquées d'un style graphique déterminé. A Luxembourg, Lilas retourne au graphisme pur. Enrichissant sa toile, l'artiste saisit spontanément les individus qui s’offrent à son champ de vision – «Féminins souvent, ils effleurent notre présent, y pénètrent des fois, puis s’effacent, et réapparaissent seuls ou accompagnés. Le spectateur les regarde et eux nous observent».
Jusqu'au 7 février à la galerie Schortgen Artworks, rue Beaumont à Luxembourg-ville. Ouverte du mardi au samedi de 10h30 à 12h30 et de 13h30 à 18 h, 24, rue Beaumont à Luxembourg.
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2010
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2009
Intrusion dans l'univers de Lilas Blano
Lilas Blano expose
les 14 et 15 février prochains.
L'association Escales à Gueux lance la saison culturelle 2009 en
accueillant une exposition des peintures de Lilas Blano. Cette artiste
qui a fait ses études à l'Ecole des Beaux-Arts de Reims s'est d'abord
consacrée à la publicité en réalisant affiches et logos puis a travaillé
dans les studios d'animation de Steven Spielberg à Londres pour
s'adonner enfin entièrement depuis 2000 à son talent de peintre. Cette
exposition ouverte à tous se tiendra les 14 et 15 février dans la salle
du conseil à la mairie de Gueux. Samedi de 10 à 18 heures et dimanche de
10 à 12 heures et de 14 à 16 heures.
2008
A la découverte d'inédits millésimes artistiques
Un tableau de Lilas Blano : un univers original et inspiré du XIXe siècle français.
Par Anne Mignot
La demeure des Comtes de Champagne teste d'originaux millésimes : sculptures, peintures, installations, danse contemporaine, photographies. Les visiteurs sont invités à goûter des sensations artistiques variées.
Pour la deuxième édition de son salon, l'association Specimen a en effet regroupé 28 artistes contemporains, pour la plupart champardennais, mais aussi parisiens ou d'ailleurs.
Ce sont toujours des lieux chargés d'histoire qui sont choisis pour accueillir les artistes contemporains, afin de réveiller le patrimoine.
« Plus convivial que les grands salons »
« Il n'y a pas de thématique commune. Chacun a eu la liberté de recréer dans l'espace qui lui est dévolu l'atmosphère de son univers particulier » explique l'organisatrice de l'exposition, Isabelle Datchy. « Les artistes, présents sur les lieux de l'exposition, se prêtent au dialogue, plus convivial que dans les grands salons. »
On pourra ainsi admirer, mais aussi acquérir, parmi les sculptures : des soudures en fer forgé, des figures en bronze aux formes doucement polies, et des statues en terre cuite auxquelles un ancestral et impressionnant procédé est appliqué : le raku. Il s'agit de projeter des copeaux de bois sur la sculpture dès sa sortie du four. Au contact de la terre brûlante, le bois s'embrase et, dans un ballet de fumée, fissure la terre et lui imprime des arabesques charbonneuses. Une sorte d'éruption volcanique rejouée à l'échelle d'un atelier. Symbole de l'acte créateur qui fait de tout artiste une sorte de Vulcain dans sa forge aux prises avec les mystères des origines.
Le visiteur découvrira aussi l'univers étrange et onirique de Frédérique Prokop, dont les installations pleines de poésie furent plébiscitées par le public lors de l'exposition qui eut lieu en juin à l'église de Beaunay. Parmi les peintures enfin, on trouvera aussi bien des natures mortes, des aquarelles ou des peintres paysagistes. Sans oublier le charme particulier des tableaux de Lilas Blano. Formée à l'Ecole des Beaux-arts de Reims, elle a participé à Londres à l'élaboration de films d'animation comme « Les 4 dinosaures et le cirque magique » de Steven Spielberg.
Toulouse-Lautrec et Daumier
« J'ai quitté le monde du cinéma d'animation quand il a été envahi par les images de synthèse » explique l'artiste avec un léger accent slave. « Ce qui m'intéresse, c'est le dessin, le tracé du pinceau. Je suis fascinée par les artistes du XIXe siècle français : Toulouse-Lautrec, Daumier. »
Effectivement, en regardant ses toiles, on est frappé par la présence de ces grands maîtres, auxquels Lilas Blano ajoute par une palette plus douce une touche de langueur et de poésie rêveuse qui lui donne tout son charme.
Expo Millésim'ART à la Demeure des Comtes de Champagne, 18-22 rue de Tambour, près de la place du Forum. Du vendredi 31 octobre au dimanche 2 novembre de 11 à 19 heures. Nocturne le samedi jusqu'à 22 heures. Spectacle de danse contemporaine samedi à 20 h 30. http://www.specimen.over-blog.fr/
Article paru le : 25 octobre 2008
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2007
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2004
Exposition
Lilas Blano au théâtre Gabrielle-Dorziat
du 4 novembre au 10 décembre
Présentation
Lilas Blano, artiste peintre rémoise d'origine caucasienne, présente sa première exposition de toiles sur bois à Epernay, du 4 novembre au 10 décembre.
Pour Lilas Blano, le dessin a toujours été naturel et elle le pratique depuis son plus jeune âge. Elle a réalisé ses premières toiles sur bois, il y a une dizaine d'années. L'inspiration lui est venue à la terrasse d'un café, une envie irrésistible de dessiner des gens "comme si (elle) était une photographe".
A base de couleurs transparentes et de tons pastels, les toiles immortalisent des passants dans un cadre urbain.
Son parcours
Diplômée en 1989, elle expose une première fois des gravures à Rodez puis se consacre à la création de nombreux logos et affiches dans le cadre de la publicité.
En 1991, elle travaille à Londres dans les studios d'animation "Amblimation" de Steven Spielberg sur le film "Les quatre dinosaures et le cirque magique". Puis, pendant trois ans, elle part à Montpellier où elle se consacre à la peinture.
En 1995, elle se rend de nouveau à Londres où elle travaille sur deux nouveaux films d'animation dans les studios de la Warner Bros "Space Jam" et "Excalibur, l'épée magique". En 2000, elle travaille sur un nouveau film d'animation, cette fois-ci à Luxembourg, "Tristan et Iseult".
Aujourd'hui, Lilas Blano a décidé de se consacrer pleinement à son art et de faire découvrir au public ses différentes créations.
Pratique
Lilas Blano au théâtre Gabrielle-Dorziat
Du 4 novembre au 10 décembre
Du lundi au samedi, de 14h à 18h – Entrée libre Rens. au 03 26 53 37 95
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